Bonjour Gerald,
Excuse moi de ne pas avoir vu ton petit coucou en direct hier soir

Tes questions, tes réflexions ne riment PAS à rien, comme le dit si justement Isabelle. Au contraire, il est vraiment important d'exprimer ce que tu ressens, les questions que tu te poses, même si certaines restent sans réponse, car les enfouir ne ferait qu'accentuer ton mal-être le jour où elles resurgiront.
J'aurais envie de te dire de ne pas te mettre la pression pour finir ton deuil, et encore moins avant la naissance de Potiron. Marie n'est même pas décédée depuis un an, c'est encore tout récent pour ton coeur de papa, c'est si peu de temps à l'échelle d'une vie. Prends le temps de cheminer, autant de temps que nécessaire. L'histoire de Marie et l'histoire de Potiron se vivront en parallèle. Et je suis certaine que ton coeur saura autant se consacrer à Marie, qu'à Potiron, qu'à Théo et Valentin. De façons différentes, mais tu les aimeras autant.
Tu sais, je suis enceinte d'à peu près autant que ta femme (quelques jours de différence je crois), Noé est décédé il y a un peu plus de 18 mois, et j'estime ne pas avoir terminé mon deuil. Je ne sais même pas s'il se terminera complètement un jour... Alors certes, je vais mieux aujourd'hui. La douleur s'apaise, les larmes se font beaucoup plus rares, ce deuil n'est plus un fardeau aussi lourd à porter. Mais le manque de mon bébé est toujours là, je pense à lui tous les jours. Et il m'arrive d'avoir des "rechutes", des retours de vagues de tristesse, qui durent de quelques heures à quelques jours. Puis le moral remonte... J'accepte ces variations, ces phases. Elles font partie de moi maintenant.
Et parallèlement à tout cela, j'attends mon troisième bébé avec bonheur, même dans les moments où Noé me manque douloureusement. Je pense que l'accouchement va se faire dans beaucoup d'émotion, en particulier passées les 28 premières minutes, où je pense que je ne pourrai m'empêcher de prendre conscience que "tout ce que ce bébé va vivre à partir de maintenant, Noé ne l'aura jamais vécu". Mais encore une fois, mes émotions seront ce qu'elle seront, et tant pis si elles ne sont pas "conventionnelles".
Je trouve ton titre "entre joie et douleur" très pertinent, car il décrit bien ce mélange de sentiments
a priori incompatibles que nous ressentons lorsque nous avons connu la mort de notre enfant, et en même temps la joie de nouveaux projets de vie qui nous portent.
Je t'embrasse.
Diane