Théo, petite étoile

[Julie-maman-de-Théo]

Merci Marie pour ta douce pensée.

La journée avait plutôt bien commencé malgré l'appréhension d'aller à l'hôpital.
Mais le papa est rentré manger avec moi, pour m'amener plutôt qu'on se retrouve là bas et que je fasse le chemin seule ...
J'ai trouvé ça trop gentil, donc j'y suis allée paisiblement.

Le rdv s'est bien passé. On a revu les deux médecins qui s'occupaient de Théo et qui étaient présentes à ses obsèques.
Elles sont formidables et on a pu bien discuter.
Finalement, ce qu'il s'est passé avec Théo est inexpliqué.
Ma rupture prématurée reste inexpliquée.
Les séquelles neurologiques sont dues à la prématurité et surtout au contexte très inflammatoire d'une naissance avec rupture prématurée des membranes 15 jours auparavant.
La recherche de maladies métaboliques, donc génétiques, n'a rien donné.
Il faut donc s'en remettre au triste sort de la cruauté de la vie.
Aucune explication à tout ça.

Mais depuis que je suis rentrée mes larmes coulent.
Ce rdv a quand même remué le couteau dans la plaie et la mort de Théo m'a rattrapé vitesse grand V.

Je pleure parce que mon bébé me manque et que je ne veux pas croire à la cruauté de la vie.
Je pleure aussi parce que quand j'ai demandé aux pédiatres "Donc il n'y a aucune raison que ça se reproduise ?" Elles m'ont répondu un petit "non, mais il faudra un suivi très poussé". Et j'ai lu sur leur visage, elles étaient terrifiées pour moi à l'idée de penser à une nouvelle grossesse. Alors je me demande si vraiment un jour j'aurais la force de retenter. Parce que si je dois revivre ça, c'est impensable. Je n'en serais pas capable. J'essaie de me dire que la foudre ne tape pas deux fois au même endroit ... Mais mon esprit scientifique me rattrape, et me raisonne. On ne sait pas ce qu'il s'est passé, et on est donc incapables de dire si ça peut se reproduire ...
Enfin, je pleure parce que je me sens terriblement seule à souffrir. Christophe Fauré m'a bien fait comprendre que l'homme réagit différemment de la femme. J'ai appris à l'accepter. Mais quand le médecin a demandé à mon conjoint comment il allait, il a répondu "Ca va, moi j'ai repris ma vie comme avant et je parle de Théo avec facilité, donc ça va". Je suis tellement blessée d'entendre ça. Comment peut il avoir repris sa vie, comme avant ?? Plus rien ne sera jamais comme avant. Parce que Théo est né. Parce que Théo est décédé. Parce qu'il me manquera toujours une partie de moi.

Je suis en colère.
J'ai la haine envers la vie de m'avoir infligé ça.
J'ai envie de crier, de pleurer à n'en plus finir.
Quel chagrin...

J'aimerais recevoir un petit coup de pouce de la vie.
Depuis le 17 août, rien ne m'aide.
Jour après jour, tout s'est enfoncé, de plus en plus profondément.
Avec nombreuses difficultés.
Jusqu'au décès de celui à qui j'ai donné la vie.
Le décès de mon enfant.
La pire perte qui soit.
Le plus gros manque au monde.

Je t'aime mon Théo, mon étoile.

[Marie J.]

Chère Julie,

Il est bon de lire que vous avez été bien accueillis par les médecins qui se sont occupés de Théo. Mais que c'est dur de relire, revivre tout ce drame.

Je suis bouleversée de lire ta détresse, ton chagrin, cette douleur qu'est l'absence de ton fils.
Comment en être autrement ? Ton tout-petit n'est plus là alors que la vie s'annonçait belle avec lui.

Oui tu peux hurler (des mamans ont témoigné avoir crié seule, en voiture, dehors ... quand elles étaient seules car ce besoin était très fort). Oui tu peux être en colère ! Ce que tu vis n'est pas juste.

Envisager une nouvelle grossesse est difficile car tu as cette angoisse qui t'habite, angoisse que ce drame se répète. Cela me paraît bien légitime, l'insouciance n'est plus là et tu sais que la vie est fragile.
Aujourd'hui c'est encore trop violent.

Aujourd'hui ton cœur saigne et il en faut du temps pour retrouver de la douceur. Les parents témoignent d'une petite lumière qui revient petit à petit. Aujourd'hui il est difficile pour toi de la voir. Mais elle est là.

Nous restons à tes côtés, main dans la main sur ce chemin de deuil.
Je pense très très fort à toi, à vous

Je t'embrasse.
Marie

[isabelle]

Oh, Julie,

Je suis bouleversée par ton immense chagrin....
Oui, je sais que revenir à l'hôpital et relire tout le dossier médical de ton bébé ne peut que te bouleverser....mais tu dois être fière d'avoir trouvé la force de le faire....c'est un grand pas que tu as réussi à poser même si ce pas est venu susciter tant de larmes et de douleur...

je comprends que la réaction de ton conjoint t'ait bousculé....dans ses mots, je vois aussi l'amour qu'il porte à votre Théo pour en parler avec votre entourage....il lui manque à lui aussi...mais forcément différemment....toi, tu l'as porté, tu l'as façonné au creux de ton ventre, tu lui as donné ton sang, tu l'as bercé, caliné....c'est tout ton corps qui se souvient de ces mois de vie avec lui et ton coeur ne peut que ressentir ce manque d'une partie de toi ....ton mari n'a pas les mêmes souvenirs, n'a pas vécu cette intensité, aussi son corps peut reprendre la vie comme avant...mais pas le tien...
OUi, nous sommes bien, nous les mamans, comme amputées d'une part de nous-même avec le décès de nos bébés...et c'est d'une grande violence à vivre...

Comme je comprends ta colère, ton besoin de crier....l'absence de ton petit Théo te fait tellement mal...

Je voudrais te prendre dans les bras pour essayer d'apaiser cette violence...et te faire passer un peu de baume sur la blessure de ton coeur de maman...
Je pense très fort à toi et t'envoie un petit rayon de soleil pour cette journée

En lien de coeur avec toi
Isabelle

[Marie J.]

Chère Julie,

Je viens t'embrasser bien fort et t'envoyer plein de force et de soutien pour cette nouvelle journée.

Après la consultation à l'hôpital, tu es revenue si bouleversée, si en colère, colère tellement légitime devant la vie si cruelle.

Je pense très fort à toi, à ton trésor qui te manque, ton petit Théo que tu aimes tant.
Avec toute mon affection
Marie

[Marie-Silas]

Chère Julie,
je viens te souhaiter un doux weekn end, plein de l'amour que tu portes à Théo.
Tu dois vivre maintenant avec toutes ces questions entourant le décès de Théo, et c'est si difficile de ne pas avoir de réponses, de te retrouver face à cette peur immense de vivre ca encore une fois. C'est si insupportable d'être séparé de ton bébé et toutes ces questions auxquelles personne ne peut répondre sont une douleur supplémentaire pour toi.
J'oses espérer que tu vois de temps en temps une petite lumière, que tu peux t'appuyer aussi sur ce livre que tu as lu et qui te permet de poser des mots sur ce que tu vis, sur ces émotions si violentes qui viennent bouleverser ton coeur de maman.
Je t'embrasse bien fort,
Marie

[Julie-maman-de-Théo]

Bonjour à toutes,

Cela fait un petit moment que je n'ai pas posté de message.
Aujourd'hui et demain, ce sont des journées un peu plus difficiles pour moi.
Il y a 5 ans jour pour jour, je passais ma thèse et devenait Docteur en pharmacie. Une des plus jolies journées de ma vie.
Il y a deux mois jour pour jour, je vivais les derniers instants avec mon Théo, je prenais une toute dernière photo de lui les yeux ouverts, me regardant ...
En fin d'après midi, on allait lui ajouter la morphine. Dans la nuit il allait commencer à s'en aller, jusqu'à prendre son envol le 09 octobre à 7h24 ...
Toutes ces dates résonnent dans ma tête, j'ai à la fois l'impression que c'était hier, et à la fois, il me semble que ça fait une éternité que mon petit coeur était dans mes bras ...

Je viens de recevoir dans ma boite aux lettres un courrier de la réanimation néonatale.
Tous les soignants s'étant occupés de mon Théo ont écrit un petit mot.
Je suis bouleversée de les lire, mais tellement heureuse de voir que même eux pensent à mon petit bonhomme ...

Depuis fin novembre, je peux quand même dire que je vais un peu mieux.
Le 30 novembre, alors que mon Théo aurait du avoir 3 mois, j'ai passé la plus belle des journées depuis son décès.
En montagne, au soleil, j'ai fais une superbe randonnée avec mon conjoint et mon chien.
Avec Théo dans chacune de mes pensées, mais sans larmes, plutôt avec le sourire.
Et le soir, je me suis rendue compte que je pouvais encore passer de beaux moments.
Que je pouvais encore être "heureuse".
Ca m'a réconfortée. Depuis, la vie me semble plus légère.
Il y a encore des passages difficiles, et il y en aura toujours.
Mais je suis moins renfermée, et j'arrive à sourire, même rire ...

J'ai revu la sage femme "psychologue" de l'hôpital hier.
Elle m'a dit qu'effectivement je semble avoir passé le creux de la vague pour cette fois.
Bien entendu, il y en aura d'autres, je le sais.
Mais ces doux moments de vie, même peu nombreux, font vraiment chaud au coeur.

J'ai aussi décidé de reprendre le travail le 04 janvier.
Une nouvelle année ... pour rebondir et continuer au mieux.
J'angoisse un peu à l'idée d'être face au public de nouveau.
Mais j'ai besoin de retrouver cette vie sociale d'avant.

Noël approche et bien entendu je redoute ...
J'adore cette fête en temps normal, mais cette année tout est un peu différent.
Théo aurait du faire son premier noël. Il arrivait en fin d'année et représentait le plus merveilleux des cadeaux.
J'ai quand même décidé de faire le sapin, avec une boule pour mon Théo.
Et j'ai amené un petit sapin également au cimetière, qu'il puisse aussi faire Noël au milieu des anges.
J'aime l'imaginer sur son petit nuage blanc, emmitouflé dans sa couverture, avec ses doudous, me regardant.
Alors je fais tout pour qu'il soit fier de sa maman.
J'avance, parfois je retombe, mais je me relève toujours parce que je lui ai promis.

Et surtout parce que je suis une maman. Et rien n'est plus fort qu'une maman.

[Marie J.]

Oh oui Julie, ton petit Théo peut être fier de sa maman, de sa merveilleuse maman.

Je pense à toi, particulièrement aujourd'hui où Il y a 2 mois, il vous quittait.  Il est parti avec tout ton amour, votre amour, le plus cadeau pour un enfant.

Qu'il est bon de lire ce que tu as vécu avec ton conjoint, ce temps à deux et que "tu pouvais encore être "heureuse". Petit à petit la vie t'apporte un peu de douceur, de joie. Merci de nous le partager.
Et ce petit mot de l'équipe médicale est un baume pour ton cœur. Elle n'oublie pas votre fils.

Je pense à vous, à l'approche de Noël, qui ne sera pas celui que vous imaginiez vivre. Mais votre Théo est bien là, blotti dans vos cœurs de parents.

Je t'embrasse fort.
Marie

[isabelle]

Chère Julie,

Comme je suis touchée de ton message et émerveillée par ton énergie...
Oui, ton petit Théo doit être tellement fier de toi... mais toi aussi, tu peux l’être...
Deux mois sans lui et quel chemin tu as déjà parcouru !

tu as touché du doigt qu’il est possible de retrouver des bouffées de mieux-être, avec cette belle randonnée en montagne à deux...c’est un super point d’appui pour toi...
Bien sûr, tu sais qu’il y aura d’autres bas mais il y aura aussi des moments où tu te sentiras plus apaisée...
oui, les fêtes peuvent rester longtemps des moments difficiles à vivre avec l’absence de nos bébés !! C’est tellement normal et légitime...mais je pense qu'en anticipant, tu pourras trouver le moyen de les traverser en lien avec ton petit Théo...
Cette force d’amour que tu portes dans ton cœur pour lui saura te guider, comme tu le dis si bien...

Je pense très fort à toi et t’envoie plein de douceur
Isabelle

[Marie-Silas]

Chère Julie,
qu'il est plein d'espérance ton message. C'est si doux de lire que tu as pu laisser le bonheur venir te toucher à nouveau, que tu as pu ressentir une joie profonde pendant cette journée en montagne vécue avec ton conjoint. Cela n'empêche pas de flancher de nouveau, de se laisser alles aux larmes encore une fois. Mais comme c'est bon de savoir que tu peux vivre ces périodes d'appaisement et en profiter à fond. Appuie toi sur ces moments quand la douleur redevient trop présente.
Tu reprends bientôt le travail, j'espère que tu ces quelques jours qui te restent te permettront de reprendre plein de force et d'y aller sereine.
Théo peut être fier de toi. Tu es une maman qui fait les plus belles promesses à son bébé.
Je pense bien à toi, dans les moments de chaleur comme dans les moments de larmes.
Je t'embrasse bien fort,
Marie

[Julie-maman-de-Théo]

Bonsoir à toutes,

J'espère que vous avez passé de belles fêtes de Noël. Ici, on a fait simple, pas trop la tête à la fête.
Mais on a quand même réussi à passer de beaux moments en famille, avec Théo partout dans nos coeurs et nos pensées.

Demain soir, nous sortons enfin de cette année 2020.
Je sais bien que ça ne change rien en soit, mais psychologiquement j'en ai besoin pour avancer.
Je me dis une nouvelle année, qui j'espère m'apportera du bonheur sans drame.
Je ne déteste pas l'année 2020, elle m'a permis de devenir maman et de rencontrer mon bébé merveille.
Seulement, elle m'a aussi enlevé mon petit coeur, et pour ça, je veux en sortir et ne plus vivre dans ce si grand chagrin.
Théo est partout avec moi, il m'accompagne chaque jour, et j'ai réussi à intégrer que notre lien est bien plus fort que la vie et la mort.
J'ai une relation avec mon bébé différente de toutes ces mamans, mais le lien qui nous unit est plus fort que tout.

Je reprends le travail lundi 04 janvier. J'angoisse un peu de me retrouver face à mes patients (je suis pharmacienne).
J'ai peur des regards, des mots tendres, des mots mal choisis, de la pitié des gens.
J'espère que j'arriverai à faire face, mais je sais que Théo va m'aider.

Je vous embrasse toutes et vous souhaite une belle fin d'année, une année 2020 si particulière...

[Julie-maman-de-Théo]

Bonsoir,

Je voulais juste vous souhaiter à toutes une belle et heureuse année 2021.
Espérons qu'elle rime avec douceur et sérénité !

J'ai repris le travail lundi. C'est très difficile moralement de me retrouver face à mes patients.
Difficile de servir des femmes enceintes, de voir tous ces bébés, et d'écouter les malheurs des gens alors que je souffre encore bien plus que la plupart d'entre eux ...
Mais je m'accroche, heureusement j'ai une équipe en or et mes collègues m'aident beaucoup.

Je vous embrasse
Julie

[Marie-Silas]

Chère Julie,
bonne année à toi aussi. Qu'elle soit aussi belle que l'amour que tu as pour Théo, qu'elle te réserve de jolies surprises même au milieu de la tempête! Qu'elle ne t'éloigne pas de ton Théo, mais qu'elle grave votre relation dans ton coeur!
Je te souhaite beaucoup de courage pour ta reprise de travail. Oui, c'est difficile de se retrouver face à tous tes patients, de te retrouver face aux soucis et plaintes qui sont bien loin de ce que tu vis aujourd'hui. Je suis heureuse de lire que ton équipe est bienveillante avec toi, c'est tellement important de travailler dans une ambiance saine!
Je t'embrasse bien fort,
Marie

[Marie-Silas]

Chère Julie,
je pense bien à toi alors que les 6 mois du décès de Théo approche. Ce sont des journées parfois bien difficiles à traverser alors je t'envoie plein de soutien.
Tu disais que ta reprise avait été difficile, j'espère que petit à petit tu as retrouvé tes repères et que tes collègues continuent à te soutenir.
Je t'embrasse bien fort,
Marie

[Marie J.]

Chère Julie,

Je lis que la reprise de ton travail a été difficile . Heureusement que tes collègues sont top. C'est tellement important !
Je pense à toi, à ton cœur si douloureux.
N'hésite pas à venir déposer ce qui peut être trop lourd.

Je t'embrasse fort avec une douce pensée pour Théo.
Marie

[isabelle]

Chère Julie,

Un petit message pour toi ce matin, alors que tu as passé le 4ème anniversaire du décès de ton petit Théo, il y a juste 15 jours...

que c'est difficile de voir le temps qui passe, les semaines qui défilent inéxorablement...et puis le travail qui vient te solliciter au quotidien avec, comme tu le disais si bien, les pincements permanents que tu dois éprouver dans ton coeur face aux plaintes des patients qui défilent...

je voudrais t'envoyer plein de courage et de douceur en même temps en pensant à ton petit Théo qui est là, blotti dans ton coeur et qui veille sur toi, sa merveilleuse maman

Isabelle