Bonjour à toutes et bonjour à toi Coccinelle,
au début, j'étais comme toi. J'étais même en colère d'avoir ce congé maternité, et même d'y être contrainte. Mon mari a repris le travail un jour et demi après l'enterrement de Matisse, parce qu'il en ressentait le besoin et que, comme toi, il tournait en rond et se sentait devenir fou. Moi, j'étais écrasée par une vie fracassée soudainement mais je m'accrochais à cette idée de reprise du travail, en me disant qu'il fallait surtout ne pas rester seule, ne pas lâcher etc...
Et puis, les semaines sont passées, j'étais contrainte de prendre tout mon congé maternité (l'administration de l'éducation nationale peine - voire est incapable - à proposer des possibilités "au cas par cas"). Et peu à peu, j'ai compris le sens qu'avait ce congé: d'abord, j'étais une maman, qui avait accouché, qui avait tout donné pour son petit pendant sa courte vie, qui avait mis toute l'énergie qu'une maman peut dépenser au cours de sa vie pour ses enfants, dans la petite vie de Matisse. Il y avait aussi les blessures de la césarienne, le choc, le fracas d'une vie qui s'effondrait soudainement pour ne jamais renaître à l'identique. Alors j'ai pris le parti de me saisir de ce congé, de le revendiquer même: moi aussi je suis une maman qui a accouché d'un petit, qui est épuisée, qui a des fluctuations hormonales, qui est complètement dans la lune et les nuages, qui ne pense qu'à son petit, qui ne dors pas la nuit parce que la pensée de son petit la réveille. Et puis, j'ai décidé de prendre ce temps pour renouer avec moi-même, avec mon corps, pour me faire du bien, pour entretenir la tombe de Matisse, pour écrire son histoire, pour parler de lui à tous ceux que j'aime, pendant des heures et des heures, pour lâcher ici un peu de ma peine, pour rencontrer les médecins etc... Et aujourd'hui, je n'ai toujours pas repris, parce que je ne suis pas prête, mais je sais que ce temps de congé maternité m'a été plus que bénéfique: il m'a permis de commencer à renaître, doucement, avec une immense fragilité mais c'est pendant ce temps que peu à peu les premières briques ont été reposées. Bref, un congé maternité pour prendre soin de soi, de son couple, de son enfant, quelque soit sa présence.
Après, nous ne réagissons pas tous de la même façon face au travail et il faut savoir s'écouter, quelque soit le besoin que l'on éprouve. Typiquement, mon mari a bien fait et ne regrette en rien sa reprise très tôt; moi je ne regrette en rien ce temps pour moi, dont j'ai plus que besoin. Mais voilà quelques pistes qui, peut-être, t'aideront à mieux vivre ce congé.
Je te souhaite une journée la plus douce possible.
Magali