Bonjour,
Je viens moi aussi partager mon sentiment face au silence quand on parle de notre enfant disparu. Oui c'est vrai, moi aussi je sais avec qui je peux parler de ma petite Sihana, disparu il y a 2 ans et demi le 30 décembre 2015. Je suis très peu entourée, à cause d'une famille déchirée. je compte en tout et pour tout 3 personnes sur qui je peux compter en dehors de mon mari bien sur. 4 personnes unis par le sang...enfin jusqu'il y a peu de temps. Alors oui je parle avec ces personnes librement de Sihana, c'est une partie de moi qui est morte avec elle ce jour là. On reparle souvent de ma fille, on dépose des roses blanches sur sa tombe. Ma mère, mon frère et ma soeur sont ces personnes avec qui je peux parler librement.
Malheureusement, j'ai appris récemment que l'enfant que j'attends est atteint de trisomie 18, et qu'il est donc condamné. Nous avons décidé d'accompagner notre enfant adoré jusqu'à la fin de sa courte vie. Ironie du sort, ce bébé est prévu pour le 17 décembre. Presque 3 ans jour pour jour que Sihana sera partie. Seulement 2 personnes ont compris et accepté notre décision. ma soeur m'a renvoyé ma demande de soutien en pleine figure. Pour elle je suis une égoiste, je n'ai pas le droit d'imposer ça à la famille, à mes enfants. Que je fais souffrir ce bébé que j'attends. tout cela pour me dire qu'elle ne serait pas là pour moi. Elle a fini de me broyer le coeur.
Je peux comprendre que les gens ne comprennent pas notre décision, mais de quel droit nous jugent-ils? Une famille est là aussi pour se soutenir dans les moments difficiles, pas juste pour les moments de java ou autres.
Le mal qu'elle m'a fait ce jour là, je ne suis pas prête de l'oublier.
Donc le jour où mon tout petit ira rejoindre sa soeur là-haut, nous serons bien peu à l'accompagner. Mais ce n'est pas le nombre qui compte, c'est l'amour qu'il ressentira autour de lui.
Quand on veut parler aux personnes extérieures de la perte de notre enfant, je comprends maintenant que le malaise qui s'installe n'est pas dû à l'indifférence. Non! Pour tous, la place d'un enfant n'est pas au cimetière, mais bien au chaud dans les bras de ses parents. Un bébé parti trop tôt, ce n'est pas dans la logique des choses. Je pense que les gens voudraient nous témoigner leur soutien, mais comment faire? Quelles paroles peut-on dire à une mère qui a perdu son bébé pour la réconforter? Il n'y en a pas, tout simplement. Alors avec maladresse, ils détournent le regard ou changent de conversation.
Mais à ces personnes je ne leur en veux pas. et je serai toujours fière de dire que j'ai eu 5 enfants, mais que ma petite fée s'est envolée trop tôt! Et je serai fièrede dire aussi que je suis l'heureuse maman de 6 enfants, mais que mon tout petit est parti rejoindre sa soeur quelque part là haut, et q'ils m'attendent tout les deux. C'est vrai ca jette un froid quand je dis à une personne que j'ai perdu ma fille.
Je me rappelle quelque temps après son décès, j'ai été acheté une rose blanche chez le fleuriste. elle me demande si c'est pour une occasion spéciale, je lui ai répondu du tac au tac sans réfléchir, que oui c'est pour mettre sur la tombe de mon bébé qui vient de nous quitter. Et on a fini par pleurer toutes les deux dans le magasin.
C'est la que j'ai compris que les gens ne peuvent pas trouver de mots pour nous soutenir, car la mort d'un enfant n'est pas NORMAL. Mais cela touche tout le monde.
Delphine