Ah la la, merci pour ce sujet Quitterie!
J'ai exactement les mêmes 3 cas de figure que toi (le meilleur étant celui où je dis 2 enfants, et où on ne me pose pas plus de questions!!! Je vois très bien de quel "soulagement" tu parles). La semaine dernière, j'ai eu de la chance à ce sujet. Car généralement, après "combien d'enfants as-tu/avez-vous?" vient la question "et ils ont quel âge?" Mais la semaine dernière, la question suivante a été "ils sont nés en quelle année?" AAAAh trop bien: 2009 et 2011! Après, petits commentaires sur le fait qu'ils sont rapprochés (car j'attends le 3ème pour 2013), que je ne dois pas m'ennuyer, que j'ai du courage, qu'elle en a un de 6 ans et un de 3 ans et qu'elle ne se verrait pas avec un de plus, etc etc... Je laisse dire, c'est trop plaisant d'être prise pour une "vraie" maman, une maman "normale", "ordinaire".
Quant à ton dernier cas de figure, je vais te dire une chose que m'a dite la cousine de mon mari (qui a aussi perdu une petite fille à la naissance il y a 10 ans), et qui m'aide énormément à ne pas culpabiliser de "renier" mon enfant lorsque je ne l'évoque pas (à la caissière, la boulangère ou toute personne qui ne m'intéresse pas plus que ça): "lorsque je parle de mon bébé décédé à une personne que je rencontre, je lui offre comme un cadeau, je ne le fais que si j'estime que la relation avec cette personne pourra aller plus en profondeur."
Et ça m'a aidée à plusieurs reprises. Je me suis trouvée face à des personnes, et je me suis dit "il ou elle ne mérite pas de connaître Noé. Noé est un trésor, il se mérite." Peut-être qu'en te disant qu'Emmanuelle est un cadeau que tout le monde ne mérite pas de recevoir, ça pourrait t'aider comme moi à ne pas culpabiliser quand tu n'en parles pas.
Par contre, pour le moment, grâce à cette "ruse", je peux me résoudre à dire que je n'ai qu'un enfant, mais il m'est encore impossible de dire que j'attends le deuxième. C'est le troisième, j'arrive pas à dire autrement.
Mais dans le fin fond de l'histoire, évidemment que ce serait génial si on pouvait dire sans crainte, et sans se prendre la gêne des gens dans la figure (et les phrases idiotes et maladroites qui vont avec), qu'on a tant d'enfants dont untel est décédé.
Bref, pas simple du tout!